tous des sang-mêlés

mac val / musée d'art contemporain du val-de-marne vitry-sur-seine (FR)

collective show

 

 

22.04.2017 - 03.09.2017

curators Frank Lamy, Julie Crenn

assistés de Julien Blanpied, Ninon Duhamel

l’espace révolutionnaire, 2014

caisse de transport en bois, drapé en plâtre et peinture, frise, morceaux de corps réalisés en bois et photographie, papier peint,

tissu, drapeau, bonnet phrygien en feutrine, moulures, tapis

pièce unique

crédit photo © Aurélien Mole. Mac Val 2017, Mehryl Ferri Levisse

 

→ this artpiece is in the frac champagne-ardenne's collection

L'article 2 de la Constitution française définit les principaux symboles et le principe de gouvernement de la République française : "La langue de la République est le français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est La Marseillaise. La devise de la République est Liberté, Égalité, Fraternité. Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."

 

Dans une caisse de transport de musée, Mehryl Ferri Levisse compose un environnement où s'entremêlent références artistiques et historiques, symboles de la République, décors et ornements d'un art de vivre à la française. On y trouve assemblés : La Liberté guidant le peuple, allégorie sortie du célèbre tableau d'Eugène Delacroix, le bonnet phrygien révolutionnaire qui coiffait également les esclaves affranchis de l'Empire romain, la toile de Jouy ou encore les moulures ornementales de l'architecture bourgeoise. Dans ce lieu syncrétique du "bien commun", un corps singulier, morcelé, celui de l'artiste, est comme atomisé par le poids des symboles et de l'ornement, comme soumis à la difficulté d'incarner une histoire héritée. Mais il reprend possession de l'espace en faisant de son corps le mètre étalon, "le Mehryl Ferri Levisse : un mètre soixante-treize pour cinquante-huit kilos. Mon corps devient une unité de mesure. De cette unité de mesure, j'éprouve l'espace qui m'entoure, la trace de l'homme, la trace de la nature" (entretien avec Janice Szczypawka, "Par et pour le corps", novembre 2014, pour "Jeune Création").

Un mot vient légender l'ensemble - FRAGILE -, soulignant avec ironie la supposée fragilité de l'identité culturelle française ou de l'universalisme hérité des Lumières. (S.A.)

 

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Dès le 22 avril 2017, le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne présente Tous, des sang-mêlés, une exposition collective qui propose d’explorer une notion tout aussi universelle que brûlante : l’identité culturelle. Cette proposition originale n’est pas sans faire écho à d’autres pistes de réflexion développées au MAC VAL depuis quelques années.

 

Cette exposition s’ancre dans l’actualité pour aborder la question de l’identité culturelle au travers de visions et d’expériences d’artistes : Qu’est-ce qui nous rassemble? Comment se construit une culture commune malgré des origines toujours différentes / diverses? Ces interrogations, en effet, agitent le monde. Sous le patronage conjoint de l’historien français Lucien Febvre et de son ouvrage Nous sommes des sang-mêlés : Manuel d’histoire de la civilisation française (1950), ainsi que celui de Stuart Hall, père fondateur des Cultural Studies, cette exposition souligne la dimension fictionnelle de la notion d’identité culturelle. Le parcours imaginé par les commissaires est nourri de propositions soulevant des questionnements et apportant des éclairages sur ce qui nous réunit et nous distingue, sur la transmission et le devenir, sur le pouvoir et la résistance, sur l’individualité et le collectif…

 

Par la voix d’une soixantaine d’artistes internationaux et d’une centaine d'œuvres, les identités culturelles, nationales, sexuelles… sont autant de thèmes ici questionnés. Si tous ont l’être pour sujet, certains sont perçus comme manifestes, d’autres soulèvent le débat - souvent passionnel, résolument politique, et d’autres encore font surgir de la mémoire les traces du passé, émerger le sensible, l’expérience, l’existence même, allant de l’instinct de survie au vivre ensemble. Les œuvres réunies abordent ces thématiques à partir de situations vécues dans une optique d’échange et de dialogue. Si l’identité culturelle est une fiction, il s’agit de voir comment les artistes l’interprètent, l’interrogent, la remettent en question…en sortant de la perspective identitaire, trop souvent réductrice.

Comment se construit-on par rapport à la langue, au territoire, à la famille, à l’Histoire et sa narration, aux stéréotypes? L’exposition met en espace des éléments d’un terrain du commun, où les altérités se déploient ensemble et en regard les unes des autres.

 

Chaque visiteur peut s’approprier, à travers l’histoire, la sensibilité, la parole et l’engagement d’artistes de tous horizons, âges et nationalités, des éléments de réflexion pouvant alimenter sa propre acception de la notion «d’Identité». Organisé au cœur même de l’exposition et pendant toute sa durée, le cycle «De quoi j’me mêle?» propose un espace de rencontres, de discussions, de débats mais aussi de lecture ou de repos. Il s’agit de prendre le temps de penser ensemble ou dans le silence d’une réflexion solitaire, les enjeux soulevés par l’exposition et par la réalité du monde contemporain. Des voix singulières se feront entendre pour partager points de vue, expériences personnelles ou collectives.

 

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english version

 

Identity is in crisis. This statement seems to run through time and history. And the questions remain the same. Who are we? How do we define ourselves? In regard to what? To who? To The Other? What defines us? What connects and separates us? How do we build a cultural identity and from which elements? How do we represent it? How do we talk about it? In the midst of a campaign period as well as an unstable and hardly reassuring political context, “Tous, des sang-mêlés” (All, mixed-bloods) investigates the inherent issues of what cultural identity means. With this exhibition, our goal is to think together, confront our point of views and subjectivities in order to bring forward analysis and interrogations through critical and plastic proposals, as well as foster encounter and dialogue.

 

The exhibition explores various notions like those of territories, frontiers, maps, nations, communities, belonging, languages, flags, skin color, stereotypes, symbols and traditions. Each time, these notions are put in perspective with History, the way it is told as well as its many visual, sound and material transcriptions. These notions take part and enrich our thinking of the common good, tackled without amnesia or hypocrisy.

This exhibition therefore stands as a critical and sensitive reaction to outdated, reactionary, communautarian and contemptuous discourses of fear, hatred, exclusion and isolation. It gathers the works of 60 French and international artists who, their own way, tackle the topics of (private or collective) History, memory, archives, translation, excavation or restoration. Each visitor is invited to have his own experience and write his own story through a multifaceted exhibition that features photography, painting, installation, video, and sculpture as well as other media. Here there are no directions or hierarchy, since the exhibition on the contrary intends to offer a critical, poetical and metaphorical walk through issues that both enrich and taint our history. The cohabitation of artworks creates gaps, which, according to François Jullien, are the places where invention, critical judgment and politics happen.

 

Indeed, while our selection of artwork raises the question of how to live together, of the common good, and of what connects us, it also has a look at the violence of colonial history, at ségrégations as well as other forms of exploitations. In that regard, we refuse all right-minded, naïve and utopic approach. “Tous, des sang-mêlés” (All, mixed-bloods) takes the risk of confronting history, its discourses, its memory lapse and its translations to better grasp the current situation and try to understand a collective desire to withdraw into one’s community and defend an identity became national. We choose dialogue, melting pot, frictions, prospection, differences and interbreeding over the communitarian temptation, universalism, a prevailing feeling of guilt and dangerous moralistic values. Achille Mbembe wrote that “we are all passers-by”, moving individuals and groups. We are all passers-by, migrants, mixed-race, hybrids, foreigners, works in progress, and related beings.

All, mixed-bloods.

 

text by Frank Lamy & Julie Crenn

commissaires

curators

 

 

artists of the show :

Soufiane Ababri, Mathieu Kleyebe Abonnenc, Francis Alÿs, Lawrence Abu Hamdan,Adam Adach, Nirveda Alleck, Giulia Andreani, Fayçal Baghriche, Sammy Baloji, Ali Cherri, Raphaël Barontini, Taysir Batniji, Sylvie Blocher, Martin Bureau, Claire Fontaine, Steven Cohen, Bady Dalloul, Jonathas De Andrade, Morgane Denzler, Jimmie Durham, Ninar Esber, Esther Ferrer, Karim Ghelloussi, Marco Godinho, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Mona Hatoum, Maryam Jafri, Katia Kameli, Jason Karaïndros, Bouchra Khalili, Kimsooja, Kapwani Kiwanga, Will Kwan, Lawrence Lemaoana, Mehryl Ferri Levisse, Violaine Lochu, Melanie Manchot, Lahouari Mohammed Bakir, Kent Monkman, Malik Nejmi, Nguyen Trinh Thi, Otobong Nkanga, Harold Offeh, Daniela Ortiz et Xose Quiroga, Alicia Paz, Adrian Piper, Présence Panchounette, Pushpamala N, Athi-Patra Ruga, Zineb Sedira, Yinka Shonibare MBE, Société Réaliste, Chen Zhen, Tsuneko Taniuchi, Erwan Venn, James Webb, Sue Williamson

 

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